La Corée du Nord

 

 

I-     Des tensions coréennes ancrées dans l’histoire mondiale

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le monde se voit séparé peu à peu en deux blocs distincts : bloc occidental et bloc soviétique. Or, depuis la libération de la Corée en 1945 par les soviétiques au Nord et les Américains au Sud, la Corée se retrouve prise au piège de cette course au pouvoir : au nord du 38ème parallèle, on trouve la zone d’occupation de l’URSS, tandis que les États-unis protègent la Corée du Sud.

Avec l’appui de l’URSS, un  certain Kim Il Sung entre pendant ces débuts de guerre froide à la tête de la Corée du Nord. Après avoir passé un accord avec l’URSS (Staline) et la Chine (Mao), il se lance dans l’invasion de la Corée du Sud : le 24 juin 1950 à 4h du matin, prenant le prétexte d’une « agression sudiste », cinq divisions nord-coréennes pénètrent en Corée du Sud et prennent Séoul.  Trois jours plus tard, à la demande de l’ONU (dont l’URSS n’a plus droit de veto puisqu’elle refusait alors d’y siéger), les USA apportent un soutient militaire notamment à la Corée du Sud ; ils sont suivis par certains autres pays comme la France, par exemple. Il s’en suit alors une guerre de trois ans qui n’est en fait qu’un nouveau prétexte pour les deux Grands de s’affronter indirectement, puisque effectivement la Russie ne fournit que du matériel militaire, tandis que 500 000 « volontaires » chinois repoussent les troupes de l’ONU. En juillet 1953, l’armistice marque le retour au statu quo : la frontière entre les deux Corées se retrouve être le 38ième parallèle, et on déplore 1 400 mille morts.

II- La Corée du Nord ou un système totalitaire

tablo corée nord.jpg  Ce tableau présente de nombreuses données économiques de l’année 2002 de la Corée du Nord, en comparaison avec la Corée du Sud et la France. On en déduit rapidement que le PIB par habitant en Corée est nettement inférieur à celui de la France, et plus particulièrement celui de la Corée du Sud équivaut à environ 6 fois celui de la Corée du Nord. On note aussi un fort investissement dans le domaine de l’armée en Corée du Nord (pratiquement le double de soldats et d’avions de combat de la Corée du Sud, 6 fois plus de pièces d’artillerie…). Cependant sur la question commerciale, la Corée du Nord est très limitée, et cette tactique fait singulièrement penser à un système autarcique.

Nous pouvons éclaircir le mode de fonctionnement de ce pays en étudiant le système politique.

Commençons par reparler de ce Kim Il Sung : il s’est fait connaître en tant qu’ancien dirigeant de la guérilla communiste antijaponaise dans les années 1930, et bien qu’il aie occupé divers postes au sein du gouvernement Nord-Coréen, sa source réelle de pouvoir était due à son poste de secrétaire général du parti des ouvriers coréens. A son arrivée à la tête de la Corée du Nord en 1948, soutenu par l’URSS, il fait rapidement grimper le taux de croissance économique à plus de 10% par an. Il définit la politique de la Corée du Nord comme diplomatique, d’équilibre et d’indépendance à l’égard de ses deux puissants voisins communistes (Chine et URSS), et refuse notamment d’adhérer au COMECON.  Dès 1960 puis à nouveau en 1972, il effectue des propositions en vue d’une réunification pacifique de la Corée, selon une formule pouvant être comparée à celle aujourd’hui envisagée par la Chine et Taïwan) : un seul État pour deux systèmes. Pourtant, cette initiative semble loin d’être envisageable, puisque la Corée du Nord demeure un système totalitaire. Il repose sur l’idéologie du « Juche », semblable aux motivations de Lénine, cependant son application fait plutôt penser aux idées de Staline. Cela montre donc que la Corée du Nord n’est pas aussi libre de son environnement géopolitique qu’elle le prétend, comme on le remarque aussi avec –au début des années 1990- le ralentissement puis l’effondrement ( qui vire au négatif) du taux de croissance économique de la Corée du Nord, lorsqu’elle perd avec l’effondrement de l’URSS, son principal allié. On note de plus une propagande flagrante avec le culte du « Grand Leader » qu’est  Kim Il-sung, par le biais du port de badge journalier à son effigie pour les membres du parti communiste; on retrouve son portrait dans les bâtiments officiels ou dans les logements privés ; la date d’anniversaire de Kim Il-sung est l’une des fêtes nationales dans ce pays ; une orchidée a été baptisée Kimilsungia, référence au président Kim Il-sung…  Il est tout de même important de considérer le principe du respect de l’autorité, des pères et des maîtres profondément ancré dans la culture, dans la civilisation Asiatique. Mais il reste toujours le problème du respect des droits de l’homme : malgré l’isolationnisme du pays, et donc le manque d’informations le concernant, il est évident que la Corée du Nord fait l’impasse sur bon nombre de libertés fondamentales. Des gouvernements étrangers ou des ONG (comme Amnesty International) pointent du doigt la liberté d’expression, d’association, d’information, de religion ou de circulation (comme dans les anciennes démocraties populaires, des permis intérieurs règlementent les déplacements des citoyens). Les médias sont contrôlés par un parti unique, auquel les journalistes sont contraints de s’affiler. Le pays n’a par ailleurs pas signé la Convention contre la torture des Nations Unies, la peine de mort est en vigueur et appliquée (même pour de simples voleurs de nourriture ou des responsables d’Églises clandestines). De nombreux réfugiés dénoncent aussi le travail forcé, des conditions de détention inhumaines… Seulement, comme l’éclaire Frédéric Durant dans un commentaire d’ouvrage du Monde diplomatique, « beaucoup d’exilés et d’organisations non gouvernementales qui les soutiennent ont compris les discours qu’attendent la plupart des médias occidentaux. Ils leur servent donc, voire leur monnayent, des récits poignants, sensationnels, dramatiques… »

Ces problèmes perdurent avec le nouveau président, Kim Jong-Il, au pouvoir depuis la mort de son père en 1994, constituant ainsi le seul cas à ce jour d’une succession dynastique dans un État se réclamant du socialisme. Cette passation du pouvoir a permis un certaine continuité : le système est dénoncé par les même problèmes que les précédemment cités. On constate toujours la présence du culte de la personnalité autour du « Cher Dirigeant » : sa biographie officielle (Brief history)explique les circonstances de sa naissance : un double arc-en-ciel serait apparu, ainsi d’une étoile, la plus haute dans le ciel. En 2002, la BBC rapporte que 10 000 jeunes ont participé à un vaste spectacle le jour de son anniversaire (embrigadement de la jeunesse) ; le fils aussi a une fleur à son nom : un bégonia, le kimjongilia.

De 1995 à 1999, ce pays a traversé une grande période de famine, entraînant la mort de 200 000 à 2 000 000 personnes (Le nombre demeure incertain depuis milieu des années 1960, où la République démocratique de Corée est devenu le seul État adhérent à l’ONU à cesser de publier des statistiques nationales.). D’autre part, en 2002, plus de 50% de la population est sous-alimentée, 70% des nord-coréens son rationnés par le système de distribution publique, à des doses terriblement insuffisantes.    

Le changement de pouvoir est donc intervenu à une période critique pour la Corée du Nord, dans un contexte d’aggravation des difficultés agricoles ayant conduit à une sévère pénurie alimentaire mais aussi de crise nucléaire.

 

III-          La Corée du Nord et son programme nucléaire, entre concessions et bénéfices.

arton13685.jpgLe 20 septembre 2002, l’administration Bush présente la doctrine de sécurité nationale qui affirme le droit de Washington de lancer une guerre préventive contre les « États voyous » ou « axe du mal » dont l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord, définis comme adversaires potentiels, puisqu’elle suspecte la détention de l’arme nucléaire dans ces pays réglés comme des cocottes minutes à cause de la tension interne.

Le programme nucléaire nord-coréen est né dans les années 1960, avec l’acquisition auprès de l’Union soviétique d’un petit réacteur de recherche. A partir de cette base, la Corée du Nord a développé un programme indigène (autonome et par autosuffisance) au sein du complexe de Yongbyon. Les services secrets américains ne découvrent l’existence de ce programme nucléaire qu’en 1984. Un an plus tard, la Corée du Nord adhère au TNP (Traité de non prolifération nucléaire) ; cet accord n’est conclu que le 9 avril 1992 avec la garantie pour l’AIEA (Agence internationale pour l’énergie atomique) d’inspecter et de visiter les installations et matériaux nucléaires fournis par la Corée du Nord afin de vérifier l’inventaire initial présenté par elle. On constate très rapidement des écarts flagrants entre cet inventaire et les observations menées par l’AIEA concernant notamment le niveau passé de la production de plutonium.  De plus en 1994, la Corée du Nord refuse une inspection de l’AIEA à Yongbyon (usine d’extraction du plutonium) puis, le 13 juin, se retire de l’AIEA. Après d’âpres négociations, le 21 octobre 1994, un accord est signé par la Corée du Nord et les États-unis, le KEDO (Korean Peninsula Energy Development Organization), mis en place le 9 mars 1995. La Corée du Nord s’engage alors à stopper le travail dans les installations nucléaires, et au final à démanteler ses réacteurs graphite-gaz, et son usine de retraitement du combustible. En échange, un consortium multinational s’engeait à construire deux réacteurs à eau légère de 1 000 mégawatts, moins proliférant, et à livrer 500 000 tonnes de pétrole par an jusqu’à l’achèvement d’un de ces réacteurs, palliant ainsi le manque de ressource autre que nucléaire pour faire marcher l’économie nord-coréenne. Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, cependant il n’existe aucune preuve formelle de l’abandon de toute recherche, puisque les moyens sont exclusivement indigènes.  Et en octobre 2002, des responsables nord-coréens ont avoué continuer à développer un programme d’armement nucléaire, en violation de ce précédant accord. Deux mois plus tard, la Corée du Nord annonce la réactivation de son programme nucléaire, se coupe plus nettement de l’AIEA, et le 10 janvier 2003 se retire du TNP. Le 19 septembre 2005, une déclaration conjointe est signée par ce pays qui s’engage alors à abandonner son armement nucléaire en échange de la possibilité d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins civiles, et réintègre le TNP. Un an plus tard seulement, le 9 octobre 2006, la Corée du Nord annonce avoir procédé à un essais nucléaire souterrain. En réaction, le 14 octobre le conseil de sécurité de l’ONU adopte à l’unanimité la résolution 1718 qui stipule la mise en œuvre de sanctions financières et un embargo en matière d’armements envers la Corée du Nord. Le 13 février 2007, Pyongyang s’engage à « désactiver » son programme nucléaire en échange d’une aide énergétique et alimentaire et de garantie de sécurité des États-unis. Le 15 juillet 2007, la Corée du Nord annonce la fermeture de son principal site nucléaire de Yongbyon, qui est la première mesure concrète de l’accord du 13 février. Le 3 et 4 octobre 2007, la Corée a signé un accord dans lequel elle s’engage à dévoiler la liste complète et exacte de ses programmes nucléaires avant le 31 décembre, et à démanteler les trois principales installations nucléaires à Yongbyon. En contrepartie elle sera retirée de la liste américaine des États soutenant le terrorisme, et une aide énergétique équivalant à un million de tonnes de fioul lourd, dont les 100 000 déjà livrées par la Corée du Sud et la Chine. Cependant les droits de l’homme, le tracé des frontières, la réunification des familles risquent d’être sacrifiée à cet inévitable dossier du nucléaire. Notons d’autre part que ces négociations entre les deux Corées tenues en Corée du Nord renforcent la légitimité de Kim Jong-Il en lui conférant l’image du « véritable empereur coréen ». 

IV-  Pour conclure, voici un texte extrait d’un article provenant de l’Express.fr, qui montre à quel point les intérêts internationaux sont ambigus sur la question plus large de la Corée. 

« Comment venir à bout d'un tel régime, qui use désormais de la menace nucléaire pour assurer sa survie politique ? Une intervention militaire semble exclue: Pyongyang dispose de 1 million d'hommes en armes et de stocks importants d'armes classiques, mais aussi chimiques et bactériologiques. Il suffirait que la Chine interrompe ses livraisons de pétrole et de gaz pour étrangler le pouvoir, mais Pékin redoute les conséquences politiques et économiques d'un effondrement brutal. Quant à la Corée du Sud, prospère et capitaliste, ses jeunes ont découvert les joies de la société de consommation et ne semblent guère pressés de réunifier la péninsule: beaucoup constatent avec effroi que l'Allemagne, plus de quinze ans après la chute du mur de Berlin, souffre toujours de sa division antérieure. Même le Japon redoute, à long terme, la possible concurrence économique et géostratégique d'une Corée unie. Il est dans l'intérêt de beaucoup, en somme, que le régime de Pyongyang perdure. Pour le moment, à tout le moins. »

                                                                     06/10/2005 Marc Epstein  Corée du Nord,

                                                                                       Un paradis de cauchemar

 

 V-    Bibliographie

Livres

-         Livre d’Histoire TL/ES Nathan  paragraphe B et document 1 page 96 (résumer la guerre de Corée +définition du TNP page 383)

-         Quid 2002 Robert Laffont page 1042 (éléments qui constituent le tableau comparatif de la partie II)

-         Quid 2007 Robert Laffont page 865 (détails en complément sur la Guerre de Corée)

Sites Internet

-         Wikipédia

 1)       http://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_de_l%27Homme_en_Cor%C3%A9e_du_Nord (informations sur les droits de l’homme en Corée, cf partie II)

2)       2)    http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Il-sung (informations concernant Kim Il-sung, et le système politique nord-coréen jusqu’en 1994)

3)        3)   http://fr.wikipedia.org/wiki/Kim_Jong-il (informations concernant la Corée du Nord et ses relations avec les affaires étrangères de 1994 à nos jours)

4)        4)  http://fr.wikipedia.org/wiki/Juche (document récapitulatif de l’idéologie nord-coréenne : le juche)

 -         L’Express.fr

 1)       http://www.lexpress.fr/info/monde/dossier/coree/dossier.asp?ida=435189&p=1 (point de vue du système nord-coréen d’un journaliste français envoyé sur place)

 -         Divers

 1)       http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/nucleaire/corenord.shtml (explication chronologique détaillée du programme nucléaire de la Corée du Nord, et des réactions internationales)

2)       2) http://www.algerie-dz.com/article8269.html (article du 13/02/07 où est mentionné « l’axe du mal »)

3)                http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/IMG/arton13685.jpg (source de la carte en III, qui situe les installations nucléaires cf légende)

 Divers

-         Chapitre deux d’histoire, exercice sur la guerre de Corée (cours) (résumer la guerre de Corée)

-         Ouest France du 3/10/07 page 2 article « La Corée du Nord prête à démanteler son nucléaire »

-         Ouest France du 4/10/07 page 2 article « Le dialogue intercoréen passe par Pyongyang »

-         http://www.lexpress.fr/info/quotidien/reportage-photo/default.asp?id=20 (vidéo de photos commentées par le journaliste qui essaie de faire la part des choses entre ce que l’on montre aux touristes en Corée du Nord, et ce qui se passe vraiment.)

-         http://voyageforum.com/voyage/coree_du_nord_coree_nord_D144695/ (forum où monsieur-tout-le-monde raconte ses impressions sur son voyage en Corée du Nord… un point de vue encore différent)