Le dictateur de Charlie Chaplin




1- Résumé du film

Pendant la Première Guerre Mondiale, un soldat de Tomania est blessé dans un accident d’avion, il devient alors amnésique et reste à l’hôpital, ignorant les évènements extérieurs de son pays. Vingt ans après, il retourne dans son ghetto et essaie de reprendre sa boutique de barbier. Il se rend alors compte que le pouvoir est aux mains d’un dictateur, Hynkel, et que le pays est dirigé par des troupes paramilitaires. Il fait aussi la connaissance d’une jeune juive, Hannah, et en tombe amoureux. Les miliciens sèment la terreur dans le ghetto et alors qu’ils s’apprêtaient à pendre le barbier, un officier allemand à qui le barbier a sauvé la vie pendant la guerre le reconnaît et le place sous sa protection. Malgré son poste haut placé dans le gouvernement de Hynkel, il s’oppose à l’invasion de l’Osterlich et est condamné aux camps de concentration. Il organise son évasion et trouve refuge chez son ami le barbier mais la milice les arrête tous les deux et les envoie en camp. Pendant ce temps, le pouvoir du tyran s’est étendu, il reçoit la visite du dictateur italien Napaloni. Par la suite, Hynkel envahit l’Osterlich. Le barbier et Schultz s’échappent du camp, et au cours d’un quiproquo, le barbier, qui ressemble trait pour trait à Hynkel, prend la place du dictateur et prononce un discours qui fait l’éloge de la démocratie et de la tolérance. Le film se clôt sur ce discours en contradiction avec les idées politiques d’Hitler.

2- Contexte historique

Chaplin a lancé son projet en 1938 après la lecture d’un livre intitulé Les juifs vous observent où il est décrit comme un écœurant acrobate juif. Il fréquentait alors des artistes, des intellectuels et des juifs à Los Angeles et donc était au courant de la situation en Allemagne. Il se montre d’ailleurs très concerné par le sort des juifs. Comme la réalisation du film est contemporaine au contexte du film, il la modifie en fonction de la réalité. Notamment en incluant l’épisode de la Nuit de Cristal au cours du tournage et anticipe même la naissance des camps de concentration. Chaplin a fait en sorte que son film retranscrive les agissements d’Hitler et la situation en Allemagne. Cependant, il tourne des éléments en dérision en donnant une dimension burlesque au Dictateur.

Pour faire le lien entre la réalité et le film, nous avons dressé en annexe un tableau comparatif entre l’Allemagne nazie et le pays inventé par Chaplin.

Nous avons aussi étudié le premier discours d’Hynkel qui est représentatif du potentiel de Charlie Chaplin à caricaturer la réalité.

 


Chaplin veut pasticher les discours d’Hitler en les caricaturant. Pour cela, il mèle les langues (anglais, allemands, yiddish, borborygmes, jeux de mots, bruits et grognements qui symbolisent sa haine des juifs). On retrouve également la soumission du public et des généraux qui applaudissent à tout instant et arrêtent brusquement quand Hynkel lève le bras. De plus, l’agressivité du ton de la voix est exacerbée par l’oscillation des micros.




La scène où Hynkel danse avec le globe terrestre a une grande force symbolique car elle signifie qu’un dictateur joue avec le monde qu’il tient entre ses mains et qui peut lui éclater au visage. De plus, Chaplin exécute cette chorégraphie avec une grande séduction et perfection, qu’on pourrait comparer à la grâce des danseurs de ballet. Mais dans ce contexte, cette fascination peut être rapprochée de l’arme perverse et terrifiante du pouvoir absolu. En effet, cette scène peut être apparentée à la maîtrise absolue d’un art de l’emprise d’un séducteur sur le monde entier.

Le film se clôt sur un discours qui contraste avec le reste de l’œuvre Ayant pris la place de Hynkel, le barbier fait une éloge de la tolérance et de la démocratie Ces idées sont encore aujourd’hui d’actualité. Toute la force du message vient du fait qu’elle propose une autre perspective de l’avenir. Charlie Chaplin parle du devoir de révolte comme moyen d’insurrection contre le totalitarisme et la suppression des libertés individuelles. Le discours va plus loin que la simple critique du nazisme, c’est aussi un appel à la fraternité et à l’humanité, car selon Chaplin, si Hitler existe, c’est que le monde doit porter d’autre dictateurs et d’autres dictatures.

3- Critique

Le talent de Chaplin fait que le Dictateur est un film aussi bien travaillé sur le fond que sur la forme. L’alternance de l’humour et des scènes tragiques donne à l’œuvre un aspect divertissant. On y retrouve les techniques habituelles de Charlie Chaplin : comique de geste, de situation, de mot,…

A l’époque, la sortie de ce film était osée compte tenu du contexte politique, et Charlie Chaplin a subi plusieurs fois la menace au cours de sa réalisation. Cette prise de risque renforce d’autant plus le mythe de Charlie Chaplin. Malgré ces efforts, la guerre éclata quelques mois plus tard, mais comme disait Jean Renoir : « Je ne crois pas que le cinéma puisse agir sur la société, encore moins sur l’Histoire. En revanche, le cinéma peut influencer les mœurs. C’est le cas du Dictateur. »


 

Réalité historique

Fiction

Pays

Allemagne

Tomainie

Chef d’Etat

Hitler

Hynkel

Pays allié

Italie

Bactérie

Allié

Mussolini

Napaloni

Symbole

Invasion territoriale

Autriche (l’Anschluss)

Osterlich

Lieu de résidence du dictateur

La Chancellerie

Le Palais (architecture copiée sur celle de la Chancellerie)

Média de propagande

radio

Image sonorisée

Stratégie de communication

Mise en scène des discours, propagande, bain de foule

Mise en scène des discours, propagande, bain de foule

Quartier pauvre persécuté

Scheuenviertel

Le ghetto

 

Tableau comparatif entre l’Allemagne nazie

et la dictature inventée par Chaplin


Travail réalisé par Pauline Arrouet et Timothée Blit